Lundi 8 décembre
à 14 heures
Cinéma l’ABC
Centre culturel Alban Minville
Plongée vertigineuse dans les bas-fonds de Naples, à travers les destins croisés de divers personnages. Précis, âpre et danse, Gomorra décortique et dénonce les rouages politico-économiques de la mafia.
Résumé:
Naples. Toto, 13 ans, fait diverses commissions pour les habitants de son quartier. Il arpente les étages, traverse les barres d’immeuble, des sacs de provisions plein les bars. Chaque jour, notamment, il apporte ses courses à Maria. Don Ciro fait également du porte à porte : comptable de son clan, il est chargé de porter l’argent aux familles dont un des membres est incarcéré ou décédé. Marco et Ciro sont deux ados qui se rêvent en Tony Montana. Ils ont découvert une planque d’armes, avec lesquelles ils s’amusent. Roberto, étudiant, travaille pour Franco qui négocie en haut lieu une affaire de retraitement de déchets toxiques. Pasquale, lui, est un tailleur réputé de la Camorra. Les concurrents chinois l’engagent en secret pour qu’il forme leurs ouvriers.
Dénouement :
Roberto et Franco enterrent les déchets toxiques dans une carrière qui appartient à la mafia. Témoin d’une fusillade, Toto récupère, avant l’arrivée de la police, un revolver compromettant. Il fait ainsi son entrée dans la mafia. Au sein du clan, une guerre de pouvoir éclate et divise le quartier, faisant de nombreuses victimes. Toto est contraint de livrer Maria. Don Ciro refuse de choisir son camp. Il est miraculeusement épargné. Le clan chinois est éliminé, Pasquale en réchappe. Sourds aux menaces, Marco et Ciro refusent de rendre les armes qu’ils ont volées. Ils sont assassinés.
Les fiches du cinéma, n°1913, 06/08/2008
Commentaire :
Grand prix du jury du festival de Cannes 2008, Gomorra est indéniablement un film qui fera date. Ne serait-ce que parce qu’il est l’adaptation d’un livre-clé qui lui-même « fait date ». Le roman-enquête du journaliste Roberto Saviano, paru en Italie en 2006, décortique et dénonce si précisément les rouages politico-économiques de la mafia napolitaine que son auteur s’est vu contraint de vivre sous haute protection policière. En le portant à l’écran, Matteo Garrone (découvert en France en 2002 avec l’Etrange monsieur Peppino) tord volontairement le cou à l’habituel folklore bling-bling du film de mafia. Clinique, âpre et sec, Gomorra ne s’embarrasse ni de lyrisme, ni de psychologie, ni d’un quelconque romantisme. Sans explications didactiques, le film pénètre directement, caméra à l’épaule, les diverses strates de cette banlieue grouillante, obscure et labyrinthique, ravagée par la misère et la violence. Phonétiquement, le titre semble chercher un lien symbolique entre la « Camorra », surnom de la mafia napolitaine, et la Gomorrhe biblique, cité du vice et du péché. Mais surtout, à force de détails authentiques, le film met à jour les fils qui relient cette ville souterraine, guidée par la seule loi du plus fort, et la surface, opulente et généreuse, de la société « civilisée ». L’Italie n’est pas rongée par la mafia, elle est au contraire portée, supportée, justifiée, par elle. La violence aveugle comme fondation de toute société capitaliste : la démonstration, subtile, est vertigineuse. Seul regret : film choral, Gomorra a parfois des airs de feuilleton à épisodes...
Les fiches du cinéma, n°1913, 06/08/2008
Sur le web :
Site officiel :
Synopsis, revue de presse, galerie de photos, bande-annonce, etc...
http://www.gomorra-lefilm.com/
Sur IMDB :
http://www.imdb.com/title/tt0929425/
A propos du livre et de son auteur :
http://www.robertosaviano.it/documenti/8868/120/134/
Dossiers :
Interviews, reportage, présentation des personnages :
http://www.lepoint.fr/actualites-cinema/gomorra-dans-l-empire-de-la-camorra/903/1/253
Reportage sur la mafia napolitaine :
http://www.gomorra-lefilm.com/revue/LE_MONDE_2.pdf